jeudi 13 septembre 2018

RT - Episode 3 : La chose la plus précieuse au monde


C'est la routine ici à Daisy City. Je vais au boulot, je rentre, je mange, je dors. Je vais au boulot, je rentre, je mange, je dors. Je commence à m'habituer à l'existence sans entrain que je vis ici. Je travaille mes compétences pour grimper dans la hiérarchie, mais je commence à comprendre que ce sera dur, très dur. J'ai gagné difficilement de l'expérience, et j'ai fini par sortir de la cage de cobaye pour être assistant de laboratoire. Mes collègues de boulot me regardent bizarrement. Ils ne me donnent que les tubes à essais à nettoyer, c'est vite fait, et ça ne mange pas de pain. Aussi, à la pause de midi, j'en profite pour regarder leurs cahiers. Il y a des sigles bizarres, je ne comprends pas tout, mais j'avoue que c'est passionnant. Mais maintenant, ils se méfient. Il faut dire que je me suis fait surprendre l'autre jour.

 - mé kes'y regar'de l'aut, là ?? hey M'chel, viens v'oir !

- Quoi ? Hé toi, kestu f'ous ? t'a pô l'droit d'reg'rder nos ca'hiers. »



Je suis beaucoup plus discret maintenant. Je suis tout le temps sur les nerfs, je veux éviter la moindre faute qui pourrait me coûter cher. Quand je rentre chez moi, je suis épuisé nerveusement. Heureusement, il y a Irène. Elle vient me voir chaque soir. Elle dit qu'elle se sent seule. Et moi, je suis très heureux. Sauf que … Je l'aime, et je ne sais pas comment lui avouer mes sentiments.





Parfois, je reçois des coups de fils. C'est des commerciaux le plus souvent. « Monsieur Thefirst, laissez moi vous proposez la dernière cuisine Mischdt. Prix exceptionnel Monsieur Thefirst.

- Et moi, laissez moi vous dire que vous perdez votre temps. Si j'avais les moyens d'investir dans une cuisine, ça se saurait. »

Je n'attendais pas grand chose de ces coups de fil. Ils ne me proposaient que des choses dont je n'avais pas besoin, ou pas les moyens d'acheter. En plus, comme par un fait exprès, c'était toujours au moment où je suis le plus occupé que j'entendais la stridente sonnerie du téléphone. Un jour où j'étais plus qu'agacé, un pressentiment m'a forcé à me lever de mon siège et à aller répondre. J'ai décroché.


- Allo ?
- hsniuhfhfnhdsfm….
- Allo ?
- Je sais qui tu es, je sais où tu vas, je sais d'où tu viens, je connais ton passé et ton avenir.
- Mon passé ? Quel passé ? Avant que je sois abandonné? 
- Ufhnuiscauigfnifgi…….
- Allo ? Allo ? S'il vous plait, dites-moi ?! Je vous en supplie ! J'ai besoin de savoir ! 

Bip, bip, bip …. L'homme avait raccroché. J'ai du m'asseoir, la tête me tournait. Les questions se bousculaient dans ma tête. Il disait savoir. Il devait avoir connu mes parents. Mais, qui était ce ?




Le lendemain, j'accueillais Irène avec la plus grande joie. 

- Oh Irène bonjour !
- Bonjour Robert, comment vas-tu ?
- Oh très bien ! Tu ne devineras jamais ce qui m'arrive ?
- Non. Quoi donc ?
- Quelqu'un sait qui sont mes parents !
- Oh …
- Tu n'es pas heureuse pour moi ?
- Bien sur que si Robert, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit.
- Alors ? Qu'est ce qu'il y a ?
- Et bien, cela fait trois mois que tu es là Robert. Au bout de trois mois, j'ai aussi reçu un coup de fil bizarre. Il me disait que ma famille allait bien et qu'ils savaient qu'un jour, on se retrouverait. Et tu vois, ça fait sept ans que j'attends. 


Je n'ai plus rien dit. Je me sentais abasourdi. Qu'est ce que ça voulais dire ? En même temps, j'en voulais un peu à Irène de m'avoir ramené sur terre. L'espoir fou qui était né en moi, de retrouver ma famille, m'avait dit au revoir en l'espace de quelques secondes. Je ne savais pas comment réagir. J'ai demandé à Irène de me laisser.

- S'il te plait, j'ai besoin de réfléchir … Ne le prends pas mal …
- Je comprends Robert, ne t'inquiètes pas, je reviendrais demain. Passe une bonne soirée.


Le lendemain, à son arrivée, je l'ai prise dans mes bras, et je l'ai serrée très fort contre moi.

Pardonne-moi pour hier. Mon espoir était stupide. Je n'aurais pas du te renvoyer.
- Oh Robert, j'ai connu la déception que tu as du ressentir. Je sais ce que c'est. Et parfois, j'y pense aussi tu sais. Au fond de moi, il y a toujours ce petit espoir. Et peut être qu'un jour ? On ne sait pas tu sais. Il se passe des choses tellement étranges ici.
- Irène, merci. Merci de me remonter le moral.
- Ce n'est rien Robert. J'ai eu la chance de connaître mes parents. Mais toi, toi, tu n'as rien …
- Si, j'ai quelque chose Irène. Je n'ai peut être plus ce que j'avais, mais ici, j'ai gagné ce qu'il y a de plus précieux en ce bas monde. L'amour.
- L'amour ?
- Oui, l'amour … Irène, je … Je … Je crois que je t'aime …




S'ensuivit un baiser, notre premier baiser, promesse de lendemains heureux…






Quelques jours plus tard, nous passions la soirée à rigoler ensemble. Comme deux ados, nous retrouvions les premiers émois de cette merveilleuse période, les premiers amours, les premières inquiétudes. J'étais vraiment heureux. Il me semblait que mes névroses et obsessions s'éloignaient de moi, me laissant profiter de ces instants de bonheur. Je flottais sur mon petit nuage. A la fin de la soirée, Irène se leva.

- Je dois m'en aller Robert, il se fait tard.
- Irène, non. Je veux dire, veux-tu rester ?
- Ce soir ? Oh Robert, mais tu n'as qu'un lit une place !
- Pas seulement pour ce soir. Je peux revendre mon barbecue. J'achèterais un lit deux place. En attendant d'avoir quelque argent, nous dormirons à la belle étoile s'il le faut.
- Robert, qu'est ce que tu veux me dire ?
- Simplement que j'aimerais vivre avec toi. Veux-tu emménager Irène ?
- Oh Robert ! Bien sur ! Je t'aime. Nous allons être heureux, n'est ce pas ?
- Oui. Sans aucun doute.
- Mais ne t'inquiète pas pour l'argent ! J'économise depuis des années ! J'ai un bel apport !
- Waouh 18000 simflouz ! Comment tu as fait ?
- Je n'ai pas beaucoup de besoins. La location de mon appartement n'était vraiment pas chère.



Ainsi, grâce à l'apport d'Irène, nous avons pu réaménager ma petite maison, rajouter des pièces, des fenêtres, racheter des meubles. Ce qui allait nous permettre de vivre un peu plus confortablement.



Quelques jours plus tard, Irène faisait des recherches dans le journal. Elle n'avait rien remarqué de spécial, quand soudain, un article attira son attention. Un petit encart, dans la rubrique nécrologie :


« Madame Lamy Ginette, et ses filles, Aurélia, Blandine et Irène, ont la tristesse de vous faire part du décès d'Alain Lamy, à l'age de 93 ans. »



- Oh mon dieu ! Robert !

- Qu'y a t il ma chérie ?

- Regarde, regarde cette annonce. Robert ! C'est mon père ! Et ils me citent sur l'annonce ! Robert, je suis partie il y a 7 ans, il n'avait pas 86 ans à l'époque mais 50! Je ne comprends plus rien ! Oh mon dieu !
- Calme-toi, Irène, calme-toi. Il y a certainement une explication rationnelle. Comment sais tu que c'est ton père ?
- Mais regarde, il y a sa photo en dessous ! C'est lui ! Je le sais, je le reconnais ! Mon dieu, il a l'air vieux !
- Allons, allons, ne t'inquiète pas, je te le répète, il y a certainement une explication.



Je disais cela pour la rassurer, mais moi non plus, je ne comprenais pas. Et, en plus de ça, j'avais peur. Encore une sensation que j'éprouvais pour la première fois. Qu'est ce que c'était cette histoire encore !











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