lundi 14 mai 2018
RT - Episode 2 : Et tomber amoureux
Le temps passait, et je me sentais de plus en plus seul dans cette contrée de fous. J'avais du mal à me faire des amis, ils ne m'intéressaient pas. En plus, ils parlaient tous de façon étrange, en avalant la moitié des mots. Cela ne faisait que quelques semaines que j'étais ici, mais je n'arrivais toujours pas à comprendre ce qu'ils me disaient. Mais évidemment, il n'y avait pas un seul interprète. Qu'est ce que vous voulez ? Ils n'avaient jamais appris correctement le simsien. Je ne sais même pas quel langage ils utilisent ! Ils apprennent quoi à l'école ?
Tous les soirs maintenant, je regardais les étoiles. La nostalgie de mon ancienne vie se faisait de plus en plus forte. Il fallait absolument que je trouve un moyen de quitter ce bled pourri. A part Aurélien, et le garagiste, je ne connaissais personne. La solitude, ça n'aide pas à s'intégrer. Et puis, dans mon petit laboratoire, j'étais cobaye, les autres savants me méprisaient un peu. Je dois avouer que mon ego en a pris un sacré coup. Raison de plus de me défoncer pour avoir des promotions. Pour m'acheter une voiture, et partir, loin, très loin de Daisy City ! Et je passais presque des nuits blanches à rêver à un plan de fuite, ou a des choses beaucoup plus simples, ne serait-ce que prendre un bon bain.
Partir au travail le lendemain matin m'a semblé être la chose la plus difficile à faire. Je n'avais aucune envie d'y aller. Pourtant, j'étais obligé, car tout ce que j'avais échafaudé la nuit précédente nécessitait des simflouz. En partant, du coin de l'œil, je vis le facteur approcher. Et zut ! Il y avait une composante que je n'avais pas prise en compte : les factures. Effectivement, en tant que propriétaire d'un terrain, je devais m'acquitter de divers impôts, la taxe sur les terrains, la taxe sur les maisons, la taxe de l'habitant. Quand j'ai vu pour la première fois la liste de tout ce qu'il faudrait payer, j'ai ouvert des yeux ronds comme des billes, et suis allé illico presto m'allonger sur le lit, un subit mal de crâne m'ayant envahi. Et le désespoir me reprenait. Je n'économisais que simflouz par simflouz, et de temps en temps encore. Parce qu'il me fallait aussi aménager mon habitat. La première chose que j'ai fait dans ma cabane (au fond du jardin hi hi) a été de mettre un sol. J'en avais plus qu'assez de marcher sur cette herbe qui me chatouillait les plantes des pieds, moi qui suis hyper sensible des pieds en plus ! Tout ça, ça a un coût. Comme le fait de me faire plaisir de temps en temps. Il me fallait une jauge d'aspiration au moins dans le vert pour pouvoir mettre mon plan à exécution. Et tout ça, ça n'était pas gratuit.
Le lendemain, plein de bonnes résolutions, je décidais d'aller faire un tour au centre ville de Daisy City.
« B'jour m'sieur. J'suis C'stantine. Ch'suis la ch'feuse de t'xi.
- Bonjour, madame.
- Mamzelle, ch'suis pô m'riée. Ze'tes célib', vous ?
- Euh … non. C'est à dire, je fréquente quelqu'un.
- Ch'ais sérieux ?
- Oui … Oui … Bien sur. Evidemment.
- Ch'ais dom'ge. »
Il fallait qu'elle me drague. J'ai coupé court. Je n'imaginais pas une seconde discuter avec elle de cette façon. Il n'y avait donc aucun autre homme à Daisy City pour qu'elle se jette sur moi comme si j'étais un appétissant poulet ? En plus, je n'avais même pas compris son prénom. Décidemment, cette ville n'était pas du tout ma tasse de thé. Enfin. J'allais quand même découvrir ce qu'elle contenait comme trésor de distractions, et dieu sait si j'en avais besoin. Nous sommes arrivés après un trajet d'environ vingt minutes. Je suis descendu du taxi, et j'ai regardé, émerveillé. Ca ne ressemblait en rien au quartier où j'habitais. Il y avait de tout. J'ai senti l'excitation monter en moi, et je me suis dirigé, le sourire aux lèvres, vers le premier lieu de plaisir devant moi, Le Lounge Bar de chez Chloé.
Dans le club, il y avait une atmosphère douceureuse et feutrée qui me plaisait beaucoup. J'allais m'installer au bar quand un plouc est venu m'aborder.
- hé mec, t'sais pô s'ki va arr'ver ? Y vont ouv'rir un aut' resto ! t'viendras hein ?
- Euh, on se connaît ?
- Nan, mais bon, on peut s'parler qu'même.
- Oui, oui, c'est sur.
- Ca s'ra pô loin d'ci. A quel'ques km .. sur l'route …
- Au fait, la route, elle est toujours toute droite ?
- Nan, elle fait un c'rcle. Y'a qu'une r'te à D'sy City. Elle fait l'tour d'l'ville, et pi elle r'passe par Old T'own, et pi elle r'vient à D'sy City. Mais elle est b'lle, la r'te. Tu d'vrais la voir.
- On verra, allez, je dois m'en aller, à bientôt.
- C'ca. A bien'ôt.
Et voilà cet abruti m'avait gâché ma visite. Je me faisais une joie de découvrir tout ce qu'il y avait à découvrir, et non seulement il m'a tenu la jambe pendant une heure, alors que je comprenais à peine son charabia, et en plus, il m'avait ruiné mes derniers espoirs de foutre le camp. Ainsi, il n'y avait ni gare, ni aéroport, ni route, ni rien du tout. Je m'en suis retourné chez moi, le moral dans les chaussettes, bouffé par mon manque d'argent et mon sentiment d'enfermement.
Quand je suis rentré chez moi, je ne me doutais pas que ma vie allait changer du tout au tout dans les minutes qui arrivaient. Il y avait un ange qui m'attendait devant ma porte. Des yeux pétillants, un sourire à tomber par terre, un visage doux et bon, de longs cheveux noirs, doux et soyeux, ondulés comme les vagues formées par un léger vent de terre, je deviens lyrique, c'est très mauvais signe. J'ai beaucoup de qualités, mais pas celle d'être romantique. Ce jour là, j'ai rencontré ma douce, ma belle, ma dulcinée, ma chérie, l'inénarrable Irène Lamy. Je crois que ce sont ses yeux qui m'ont envoûté les premiers. Bleus. Un bleu pur, invitant à l'évasion. Son port de tête altier m'a conquis et son sourire m'a achevé. Je ressentais quelque chose que je n'avais jamais ressenti auparavant. Quelque chose qui m'a bouleversé au plus profond de moi. Un sentiment de plénitude. Je ne savais pas alors ce que c'était, mais j'avais comme on dirait, des papillons dans le ventre. Aujourd'hui, je qualifierais ça d'amour. Je l'ai aimé mon Irène, le coup de foudre, dès le premier regard.
- Bonjour, je suis votre voisine, Irène Lamy.
- Enchanté, je … euh, suis ravi de vous rencontrer !
- Moi de même ! Mais que vous arrive t il ? Vous rougissez ? Que c'est beau un garçon qui rougit !
J'étais plus qu'embarrassé. Je ne savais pas comment réagir. Je ne savais pas quoi lui dire. J'étais tétanisé. Je cherchais mes mots. Quoi lui dire pour ne pas la faire fuir ? Dans mon état émotionnel, je ne m'étais pas rendu compte qu'elle au moins, elle parlait normalement. J'ai relancé la conversation.
- Et, euh … Ca fait longtemps que vous habitez ici ?
- Ne m'en parlez pas … 6-7 ans au moins. Et j'en ai maaaaarrre.
Je restais dubitatif. Elle paraissait être dans la même galère que moi.
- Mais, pourquoi ne partez-vous pas ?
- Parce qu'on ne peut pas ! Hélas, mille fois hélas !
- Je cherchais à partir moi aussi et …
- Et ne cherchez plus ! C'est impossible ! J'ai essayé bien des fois moi aussi !
- Mais … pourquoi ? Et comment êtes vous arrivée ici ?
- Comment ? Je n'en sais rien du tout. J'étais il y a de ça 7 ans environ, étudiante en faculté de lettres à Sim Town. Je devais faire un exposé sur les techniques d'écriture d'une pièce de théâtre. Ma copine Hélène était avec moi. Ca a duré longtemps. On est sorties tard de la bibliothèque universitaire. On s'est quittées à la gare. Je devais reprendre le train pour rentrer chez mes parents, ils habitaient en banlieue. Un gros orage menaçait d'éclater, mais je n'étais pas inquiète. Comme il y en avait pour une heure de trajet, je me suis endormie. Et quand je me suis réveillée, j'étais seule dans le wagon. Je suis descendue, et j'étais en rase campagne.J'ai marché pendant des heures pour trouver une trace de la civilisation, et je suis arrivée à Old Town, puis à Daisy City. Et une fois là, impossible de repartir. Ca fait 7 ans que je suis ici, je n'ai jamais revu mes parents, mes petites sœurs. Je ne sais pas si elles vont bien, ce qu'ils sont devenus. Et ils me manquent terriblement.
J'étais touché par l'histoire d'Irène. Je me suis contenté de la regarder bêtement, sans rien pouvoir dire, sans rien pouvoir faire, alors même que je n'avais qu'une seule envie, la prendre dans mes bras, et la serrer très fort, pour la consoler, la rassurer. Nous étions deux à vivre des moments difficiles maintenant.
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Bonjour tout le monde, mon nom est Jérémy. Jérémy thesecond. Drôle de nom me direz-vous. Il n’est pas forcém...
Il se sentira sans doute moins seul grâce à Irène.
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