lundi 29 octobre 2018

RT : Episode 4 - Suite Logique



Tous les soirs, je pars au boulot. Chance ou pas, je ne sais pas, toujours est il que c'est Constantine qui me conduit au boulot. Je ne la supporte plus. Elle passe son temps à me faire du gringue, et pour moi, qui suis d'un tempérament fidèle, j'attends avec une impatience non dissimulée le moment où j'aurais enfin ma propre voiture. En attendant, je subis ses bavardages. Une fois arrivé, c'est toujours la même histoire. Ça fait des mois que j'attends une promotion. Je perds patience. Je n'aurais jamais imaginé que ça prenne aussi longtemps. Plus le temps passe, plus je vois mon rêve de devenir savant fou s'évanouir. J'ai pourtant fait des efforts pour m’intégrer pourtant. J'ai une amie. Jeanne. Je la vois relativement souvent, nous nous entendons bien. Irène n'est pas jalouse, c'est aussi une amie à elle. Et puis, elle est en relation aussi avec un certain Abdel Bailly. J'y pense parfois: Est ce qu'elle est déjà sortie avec lui ? Que s'est il passé entre eux ? Serais je jaloux ? Elle me dit que si elle avait du sortir avec lui, elle l'aurait fait depuis longtemps. Certes. Mais cela ne me rassure qu'à moitié. Elle a l'air de lui plaire. Je fais confiance à Irène, mais pas à cet abruti. Il a le regard louche et vicieux. Mon petit gars, je t'ai à l’œil. Au labo, Michel me regarde d'un drôle d’œil lui aussi. Je ne lui fais pas plus confiance. J'ai réussi à faire une photocopie de son cahier, ce qui me permet de l'étudier en toute tranquillité, sans craindre quoi que ce soit. D'ailleurs, j'ai remarqué quelque chose de louche: une sorte de trace sur la photocopie, on dirait des lettres. Avec une loupe, j'ai examiné mon papier, malheureusement, je n'ai pu en tirer aucune conclusion, j'ai été interrompu prématurément.


A la maison, Irène est obsédée par ce petit papier vu dans le journal. Elle passe ses journées à chercher la moindre information sur internet. Pour l'instant, elle n'a rien trouvé, mais je ne doute pas qu'elle y arrive. Elle essaye de chercher des informations sur les éventuels passages temporels, sur les dimensions parallèles, mais il n'y a rien. Ça n'existe pas. Et je vous avoue que quand je la trouve plongée dans sa science fiction, je me demande si elle n'a pas un peu perdu la boule. Oh, ce n'est pas méchant, mais elle a tellement besoin de retrouver un lien avec ses parents ... J'ai un peu peur que ces recherches ne la frustre. Elle est bien allée à la bibliothèque, mais, à moins d'un miracle, rien ne transparaît, pas une piste, pas un indice. Elle pleure souvent le soir. J'ai beau essayer de la consoler, j'ai l'impression de ne pas être capable de soulager sa peine:
- Oh Robert, tu ne sais pas ce que c'est d'être aussi prêt et aussi loin d'eux ! Ils me manquent tellement.
- Je le sais. J'ai bien conscience de ce que tu vis. Mais je ne sais pas comment t'aider.
- Je suppose qu'il n'y a rien à faire. J'ai envie d'abandonner. Je cherche depuis des jours, et je ne trouve rien.
- Es tu allée au journal qui a publié l'encart ?
- Oui. Ils m'ont donné le papier qu'ils ont reçu. Mais ils ont reçu cette annonce avec un mandat spécial, ils n'ont aucun moyen de savoir qui l'a envoyé. Le seul petit mot qui accompagnait l'envoi était une demande de publication. Il n'y a rien d'autre. Pas la moindre petite mention sur l'expéditeur.

A ces mots, je compris qu'elle avait abdiqué tout espoir. Et le soir même, je l'entendais pleurer à chaudes larmes au lit.


En rentrant du boulot ce jour là, j'avais la ferme intention de faire oublier ses déboires à Irène. J'étais passé au centre ville, faire les bijouteries. Et j'avais trouvé LA bague, qui, je le savais, ne manquerais pas de lui faire plaisir. Ému, la gorge nouée, je me suis mis à genoux devant Irène.

- Irène, ma mie, nous sommes très heureux ensemble depuis quelques temps, alors, je te le demande à genoux, veux tu devenir ma fiancée ?
- Oh mon dieu, Robert, mais oui, évidemment que oui !

Et voilà, nous nous sommes fiancés ! Quel bonheur ça a été ! Irène s'est empressée de me sauter dans les bras, de me couvrir de bisous, de me susurrer des mots doux dans l'oreille. Nous avons fêté dignement ces fiançailles intimes bien évidemment, et avons discuté de notre avenir. Oui, nous allons nous marier, oui, nous allons avoir des enfants, oui, nous avons les mêmes projets ! Que de grands bonheurs nous attendent ! Si, toutefois, le mystère de notre destin veut bien nous laisser tranquille ! Car je sens bien que cette histoire travaille encore Irène et moi, moi, j'ai toujours dans un coin de ma tête le mystérieux coup de téléphone. Nous n'avons toujours pas avancé d'un pouce, aucune explication plausible, mais pour ce soir là, nous avons laissé tout ça de coté, et n'y avons plus pensé.




Nous avons acheté notre première voiture quelques jours plus tard. Certes, ce n'est toujours pas l'équivalent de ce que j'avais en arrivant ici, mais au moins, je pourrais aller au boulot sans voir Constantine. Elle a des sièges, un volant, un moteur et des roues, et même si elle tousse parfois, elle roule. Je ressens la même excitation qu'il y a quelques années en touchant mon premier salaire. Irène est ravie également. Pour cette férue de livres, je sens les virées à la bibliothèque poindre leurs nez ! C'est une sensation extraordinaire de redevenir libre d'aller et venir. Pour fêter ça, j'ai emmené Irène au restaurant au centre ville. Nous avons passé une excellente soirée. Elle a pris le volant pour rentrer, j'étais bien gai dirons nous. Je suis assez fier de ce que je suis devenu ici. Une fiancée, un job, une petite maison, une voiture, sans tricher, très loin des magouilles et mensonges de ma première vie. Je ne me croyais pas capable de vivre une vie simple et sans fioriture, je me redécouvre, et c'est formidable. Et surtout, moi l'homme froid et sec que j'étais a laissé la place à quelqu'un d'humain, capable de ressentir des sentiments. Chose extraordinaire, je me suis même habitué à la façon de parler d'ici.



Chaque jour qui passe me rend plus amoureux d'Irène. Elle me complète, elle me fait me sentir bien. C'est ça l'amour ? Je ne manque jamais une occasion de lui montrer, c'est important d'avoir des gestes d'affection entre nous, surtout si l'on veut que notre couple dure. Je ne sais plus où j'ai lu ça, mais je l'ai lu, et je sais que c'était une revue plus que sérieuse.

- Irène ?
- Oui, Robert ?
- Je me demandais ... Veux tu un grand ou un petit mariage ?
- Oh ! Euh ... Dans l'intimité, je préférerais ! Je déteste être mise en avant !
- Je le sais bien ! Moi non plus je n'aime pas ! Mais je préférais te le demander avant au cas où...
- Robert, qu'est ce que tu prépares ?



- Robert, veux tu devenir mon époux ?
- Oui Irène ! Irène veux tu devenir mon épouse ?
- Oui Robert, je le veux !



Et voilà, nous sommes mariés ! Mon Irène Lamy est devenue Madame Irène Thefirst. C'est la première fois de ma vie que j'ai une vraie famille, et ça me fait tout drôle. Je ne sais pas si j'avais envie de me marier, mais je n'ai pas eu le choix. Il fallait le faire. Mais, j'en suis heureux finalement, même si j'ai mis du temps à me faire à l'idée. Tout est allé très vite ensuite. J'ai enfin eu une promotion, et Irène et moi avons parlé de faire un bébé. Pourquoi pas ? Je ne suis pas contre, bien au contraire !

Mais quelque chose devait me perturber le lendemain, au point de reporter le projet de bébé.


Le lendemain, je recevais un coup de fil de mon amie Jeanne.

- Robert ? Ah c'est toi, je suis très heureuse de t'entendre !
- Jeanne ? Qu'est ce qui t'arrive ? Tu as l'air inquiète ?
- J'ai de quoi Robert. Je suis suivie.
- Suivie ? Par qui ?
- Par qui, je n'en sais rien. Pourquoi, je n'en sais rien non plus. J'ai peur Robert. C'est un homme. Brun. Il me regarde avec des yeux mauvais, tu ne peux pas savoir. J'ai peur de rentrer chez moi.
- Jeanne, où tu es ? Je viens te chercher.
- Non, tu ne peux pas.
- Jeanne, tu es mon amie. Dis moi où tu es ? Je veux t'aider.
- Je te rappelle plus tard Robert, ne t'inquiète pas, je vais au poste de police, je te téléphone de là bas.
- Oh Jeanne ...


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