samedi 16 mars 2019

RT : Episode 5 - Notre si beau projet



Jeanne avait promis de me rappeler mais elle ne l'avait pas fait. J'étais extrêmement inquiet pour elle, d'autant qu'elle n'était pas venue au travail depuis deux jours. J'ai demandé à mon patron s'il savait quelque chose. Il m'a répondu avec un air évasif qu'elle l'avait appelé, et qu'elle avait dit qu'elle était malade.
- Vous êtes sur que c'était bien elle ?
- Oui, pourquoi cette question ?
- Je me demandais, c'est tout.

En aucun cas, je ne voulais lui avouer mon angoisse. J'ai essayé de l'appeler le lendemain :
- Allo ?
- Jeanne ? C'est Robert !
- ….
- Jeanne ? Jeanne !

Bip, bip, bip …. Elle refusait de me parler. Il y avait là quelque chose qui me dépassait. Je comprenais qu'elle puisse avoir été choquée, puisqu'elle avait été suivie, mais pourquoi refusait-elle de me parler. Interloqué par son attitude, je me suis rendu au commissariat de la ville.
- v's di'tes qu'i ?
- Marquès, Jeanne Marquès.
- Et c'a p'eut v'ous f're qu'oi de l's'voir ?
- Je vous en supplie, dites-moi juste si elle est venue il y a trois jours …



De dépit, je suis allé prendre un verre au lounge-bar de chez Chloé. Assis au bar, je faisais pitié, noyant mon chagrin dans le whisky. La serveuse me regardait avec un air goulu. A une époque, voyant les effets de mon physique, mon ego en aurait été flatté, et on aurait même fini la nuit ensemble, la jeune femme étant loin d'être vilaine. Mais là, j'avais tout sauf la tête à ça. J'enchaînais les verres comme un vieux pilier de bar, heureusement pour moi, j'étais venu en taxi. Je m'apprêtais à partir lorsqu'un homme, plutôt mauvais genre, est venu m'aborder.
- Hé, mec, s'tu v'ois J'ean'e, t'u l'ui d'is de pl'us r'met're l'es pi'eds là où elle s'ait.
- Là où elle sait ?
- Ell' com'pren'dra. Elle s'ait ch'te d'is.
- Et d'abord, comment vous savez que je connais Jeanne ?
- Héhéhéhéhéhé
- Répondez !
- B'ah, c'es't s'impl', t'es Rob't Th'first. T'out l'mon'de s'ait qu'i tu es i'ci.
- Comment ça, tout le monde ?
- J'a'i p'as d't'mps à p'erd're à t'ex'pli'qu'er mec.

Sur ces bonnes paroles, il partit, me laissant dans le brouillard le plus total. Quand je rentrais, je trouvais une Irène affolée.
- Oh Robert, Jeanne a téléphoné.
- Mince ! Je l'ai raté !
- Elle a dit qu'on ne devait plus prendre contact avec elle !
- Elle t'a dit pourquoi ?
- Non … non …
- Tu es sure ?
- OUI !


Je me suis forcé, les jours suivants, à ne plus penser à cette sombre histoire. Je reprenais ma vie de tous les jours avec Irène, les soucis du quotidien, et de cette envie qui nous taraudait : avoir un bébé.
Ce serais bien, n'est ce pas Robert ?
- ….
- Robert, tu m'écoutes ?
- Ah oui, oui, tu disais ?
- Je disais que ce serait le moment d'avoir un bébé.
- Ah bien sur, évidemment ! C'est ce que tu veux n'est ce pas ?
- Oui, c'est ce que je veux ! Décidément, depuis cette affaire « Jeanne » tu es souvent dans la lune.
- Je dois admettre que cela me préoccupe. Qu'en penses-tu ?
- J'en pense qu'elle reviendra vers nous quand elle en aura envie. Alors, on le fait ce bébé ?
- C'est vrai que tu étais moins proche d'elle que moi. Tu te sens donc moins concernée.
- C'est un reproche ?
- Pas du tout, une simple constatation.


Pour la première fois, j'avais senti dans la voix d'Irène une certaine défiance à mon égard. Savait-elle quelque chose que je ne savais pas ? Jeanne lui avait-elle dit plus lorsqu'elle avait téléphoné ?


Nous mettions notre beau projet en route dès le lendemain. Nous avions oublié notre différent concernant Jeanne, et toute notre belle et tendre complicité était revenue.
Alors tu es d'accord ? Tu ne risques pas de regretter ?
- Tu es folle ? J'ai très envie d'un bébé de toi !
- Enfin je te retrouve ! Tu as été plutôt distant ces derniers temps ! A croire que tu préférais Jeanne à moi !
- Voyons Irène ! Jeanne n'est, ou n'était devrais je dire, qu'une amie. Je n'aime et n'aimerais que toi.
- Quel bonheur de t'entendre dire ça !
- Petite sotte ! Comment as tu pu douter ?
- J'aime quand tu m'appelles comme ça !
- Hummmmmmmmmmmmm ……….


Je ne vous fais pas de dessin sur comment notre conversation s'est terminée. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je me suis levé le lendemain avec de sacrés courbatures.


Heureusement que le lendemain était jour de repos. J'en profitais pour faire des recherches sur internet. J'avais ramené du travail les photocopies du cahier de Michel. Je cherchais des indices sur ces fameuses traces. Je n'oubliais pas cette piste. Malheureusement, malgré des heures de recherche, je n'avais rien trouvé. Pas la moindre trace. Je me résignais, la mort dans l'âme, à me dire que ce n'était que des traces de la photocopieuse. Pour contrer ma déception, quand Irène rentra, je l'emmenais directement au lit, avec une envie folle de ce bébé. Car après tout, si je ne pouvais pas retrouver mes origines, je devais laisser ma trace dans l'humanité, et être le fondateur d'une famille, qui, je l'espérais, serait une grande lignée.




Le lendemain, Irène m'appela très tôt dans la cuisine.
- Robert, tu peux venir s'il te plait ?
- Qu'y a t il ma chérie ?
- Je ne me sens vraiment pas bien, j'ai des nausées, tu veux bien me donner une bassine ?
- Tiens là voilà.
- Merci.
- Qu'est ce qu'il t'arrive exactement ?
- Je me sens nauséeuse, j'ai les seins gonflés, j'ai mal au ventre … et surtout …
- Surtout ?
- Je n'ai pas eu mes règles depuis trois semaines.
- Tu as trois semaines de retard ?
- Exactement.
- Tu crois que … tu peux être ?
- Enceinte ? Oui, je le crois. Il n'y a que ça qui peut donner ce genre de symptômes.
- Mais, c'est merveilleux !
- Oui, mais désagréable !
- Tu devrais aller t'allonger.


Quelques heures plus tard, je revenais de mon travail, et n'avais qu'une idée en tête, lire un bon livre et me vider l'esprit. Je trouvais Irène au salon, en train de regarder la télévision.
Comment vas-tu ?
- Je ne suis pas allée travailler aujourd'hui Robert.
- Tu n'allais pas bien ?
- Non. J'ai vomi toute la matinée.
- Ma pauvre.
- Je suis allée voir le médecin.
- Et ?
- Il m'a confirmé que j'étais enceinte !
- C'est génial !
- Oui, je suis très heureuse.
- As-tu réfléchi à un prénom ?
- Je voudrais simplement appeler ma fille, si ça en est une, comme ma grand-mère. J'étais très proche d'elle quand j'étais jeune, et je crois que je lui dois bien ça.
- Tu choisiras Irène. Je t'aime.
- Moi aussi je t'aime Robert.



EPISODE 6 

EPISODE 4











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