mercredi 15 juillet 2020

JJ - Episode 5 : Journée pique nique






Jean-José et Maggie avaient réussi à prendre quelques jours de congés. Maggie était sur le point d’accoucher, et Jean-José, très stressé, avait du mal à dormir. A tel point qu’il m’interpellait souvent. J’ai dû hausser le ton.
-        - Jean-José, va dormir, tu ne pourras pas aller au boulot demain à ce rythme-là.
-        - Mais je n’arrive pas à dormir. J’ai peur de ne pas être un bon père.
-        - Ne t’en fais pas, tu le seras.
-        - En plus, j’ai des visions.
-        - Des visions ? Comment ça ?
-        - Je vois des extraterrestres m’envahir. Je deviens fou je te dis.
-        - Jean-José, il y a VRAIMENT un extraterrestre dans ton jardin.
-        - QUOOOOOOOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ???????








Les tensions avec Maggie devenaient palpables. Il faut dire que la pauvre avait bien grossi et avait du mal à se déplacer. Et puis, elle squattait les toilettes.
-        - J’en ai marre !
-        - Que t’arrive-t-il Jean-José ?
-        - Ces toilettes sont toujours cassées. Maggie les utilise beaucoup trop.
-       Ce n’est pas sa faute Jean-José. Les femmes enceintes tu sais …  Et tu ferais mieux de l’aider un peu. Regarde-moi l’état de la machine à laver.
-        - Elles ont toujours été comme ça.
-        Tu tiens une perle Jean-José. Si tu divorces, je te renie.
-        - Tu ne ferais pas ça.
-        Oh que si.








Jean-José, bon prince, avait décidé d’emmener sa douce au centre-ville.
-        Tu as bien raison, Jean-José. Au moins, ça lui changera les idées, elle en a bien besoin. Cependant, évite, s’il te plait, de t’asseoir sur ce banc ?
-       -  Quoi ? Mais pourquoi ?
Prouuuuuttttttttt.
-        Voilà pourquoi.
-        - Ces sales gamins. De la racaille !
-        -  Il faut bien qu’ils s’amusent !
-        - Non, c’est de la dégradation de bien public.
-        - Je ne te savais pas si conservateur. Au fait Jean-José, où est Maggie ?
-        - Elle s’est fait une copine.
-        - Vraiment ?









Maggie était allée trouver Rosy Welhollf.
-        - Ah ma chère Maggie, je suis heureuse de trouver une partenaire d’échec. Le club d’échec est rempli d’hystérique du genre de Dilly Pidgin. Je la déteste cette vieille peau. Elle triche, et puis après elle fait ouin ouin ouin, j’ai perdu.
-       -  Je n’ai rencontré Dilly qu’une seule fois. Je suis allée lui réparer son téléviseur. Elle a une belle maison.
-        - Ah ma pauvre, si vous saviez. Elle est sous la coupe de sa mère, c’est évident.
       - La pauvre Dilly Pidgin a dû avoir les oreilles qui sifflent avec vous. Maggie, on bouge ?
-        - Est-ce qu’on est obligé de rentrer à la maison ?
-       -  Non, tu es en congé maternité, tu as quartier libre aujourd’hui.



-        

J      -  J'ai un petit creux. Maggie, ne pourrais-tu pas faire cuire des hot-dogs pour moi ?
-      -  Bien sûr mon chéri.
   - Jean-José, ta femme est enceinte, et toi, tu pourrais tout de même lever tes fesses du banc et te faire cuire tes hot-dogs toi-même.
-       - Oh, ça va dis, tu ne vas pas me faire la morale quand même.
-       Je suis là pour ça Jean-José, ne l’oublie pas.
-       - Je ne suis pas doué pour la cuisine.

-       Je sais. 







Jean José a été bien puni. Lui qui espérait éviter la carbonisation des saucisses en a été pour ses frais.
-    Maggie est à peine plus douée que toi finalement.
-  - Bah, même cramé c’est toujours des hot-dogs, et ça remplit l’estomac.
-    C’est un point de vue.
Rosy Welhollf s’est approchée.
-    - Moi aussi, ça me donne faim. Puis-je ?
Jean-José l’a regardé d’un regard noir.
-    Tu ne vas pas tous les manger Jean-José, tu peux partager.
-    - Mouais.
 - Si je voulais le faire maigrir, c’est raté.



samedi 4 juillet 2020

CD - Episode 7 : Un rayon de soleil dans un ciel tout gris





Michel Glax : Il faut absolument passer la vitesse supérieure Anne ! Nous ne gagnons pas assez d'argent !
Anne : Tu m'agaces ! Essaye aussi de faire mieux, toi et ton miraculeux système.
Michel Glax : Tu as eu une riche idée de m'introniser leur comptable ! Ces imbéciles n'y voient que du feu.
Anne : Vincent Roy me fait de la peine.
Michel Glax : Tu ne t'attaches pas au moins ?
Anne : Non, non, rassure-toi …
Michel Glax : Aujourd'hui, je leur aie détourné près de quinze mille simflouz…
Anne : La banque suit jusqu'à quand ?
Michel Glax : Elle ne devrait plus tarder à ne plus suivre …
Anne : Ils seront découragés, et revendront, pour une bouchée de pain. Et tu vas racheter, une fois de plus, pour le simflouz symbolique, et tu revendras des millions à un gogo. Bénéfice record. Et sans grain de sable là dedans, car les gens auxquels tu vends sont trop bêtes pour se préoccuper de savoir si ce truc en vaut la peine.
Michel Glax : Et oui, c'est ça … Mais tu as réussi à convaincre les plus récalcitrants grâce à tes atouts. Dis-moi, quel voyage te plairait ? Martinique ? Mexique ? Thaïlande ?
Anne : Je n'y aie pas encore réfléchi …
Michel : J'ai rendez-vous en ville. Un dernier conseil Anne : détache-toi de Vincent avant qu'il ne soit trop tard.






Bobby Sunder : Ah vous me faîtes plaisir les enfants. Je suis content de vous revoir Dear Nicolas.
Amalya Sunder : Alors, que pensez-vous de mon saumon ?
Nicolas : Il est très bon. Merci pour ce repas Amalya.
Bobby : Ah, je voulais vous féliciter Nicolas.
Nicolas : La reprise d'Enter-Tronichs s'est très bien passée, c'est vrai. Mais nous n'avons pas pris énormément de risques.
Bobby : Ah ah petit cachottier ! Il est timide ma chérie, il va falloir qu'il se décoince pour te demander en mariage.
Nicolas : Nous verrons cela Bobby.
Bobby : Je suppose que vous n'allez pas tarder à faire votre demande, étant donné les évènements.
Nicolas : Si vous parlez de mon avenir financier, il est assuré, quoi qu'il m'arrive, soyez en certain.
Bobby : Vous êtes malin, vous faites semblant de ne pas comprendre.
Nicolas (fronçant les sourcils) : J'ai peur de ne pas vous suivre, en effet.
Bobby : De toutes façons, c'est heureux de voir que mon descendant aura des parents qui s'aiment, et qui surtout, auront les moyens de l'élever dignement. Pourvu que ce soit un garçon !
Nicolas (livide): Je vous demande pardon ?
Amalya : Belinda est enceinte. Elle ne vous l'avait pas dit ?






Bobby : Je vous demande pardon Nicolas, je n'avais pas réalisé qu'elle voulait vous en faire la surprise.
Nicolas (furieux) : Je suis désolé monsieur Sunder, mais il va falloir que nous rentrions.
Belinda : Honey ….
Nicolas : On en parle à la maison Bélinda.
Bobby : Pardonnez-lui, je vous en prie. Elle vous aime tellement. Ce qui arrive est entièrement de ma faute.
Nicolas : Monsieur Sunder, ne vous mettez pas martel en tête. Nous allons avoir une très sérieuse discussion avec votre fille. Et manifestement, vous en saurez très rapidement la teneur, puisqu'elle préfère vous avertir avant moi, qui suis, tout de même, le principal concerné. Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée. Bélinda, on y va.
Bélinda : Encore cinq minutes my love.
Nicolas (sèchement): J'ai dit tout de suite, ou tu rentres à pied. Au revoir Monsieur Sunder. Au revoir Mademoiselle Corben.
….
Bobby : J'aurais du me taire…
Amalya : Tu ne pouvais pas savoir qu'il n'était pas au courant.
Bobby : Mais j'ai mis ma princesse dans le pétrin …
Amalya : Elle aurait du lui dire, Bobby. Il ne veut pas de cet enfant. Et si tu veux mon avis, leur mariage est très compromis, et pire, je crains que ce ne soit la fin.






Belinda (en larmes) : Tu n'as rien dit de toute la soirée, dans la voiture, tu étais glacial … Honey…
Nicolas : Ne m'appelle plus jamais comme ça.
Belinda : Je suis vraiment désolée, je pensais que tu serais content….
Nicolas : J'en reviens pas. Tu m'avais dit que tu prenais la pilule.
Belinda : Je l'avais arrêté … depuis deux mois.
Nicolas : Pourquoi ? Pourquoi tu m'as fait ça ? T'as tout gâché Bélinda.
Bélinda : Je pensais … que tu m'épouserais si j'étais enceinte.
Nicolas : Tu vas avorter.
Bélinda : Je ne sais pas encore …
Nicolas : Ce n'était pas une question. Tu vas avorter.
Bélinda : Honey …
Nicolas (hurlant) : La ferme ! J'en ai marre tu vois. Marre de ta connerie, marre de cette vie, marre de tout, et de toi. Demain matin, tu fais tes valises et tu rentres chez ton père. Tu peux garder la chambre pour ce soir, je vais dormir sur le canapé.
Bélinda (secouée par les sanglots) : Nicolas, c'est ton bébé, ton enfant … Tu ne peux pas me demander de tuer cette vie qui grandit ….
Nicolas (glacial): Je m'en contrefous. Cette vie n'a pas de cerveau, elle ne réalise pas. Je ne reconnaîtrais pas cet enfant, que ce soit clair. Tu vois Bélinda, j'aurais peut être pu t'aimer, je t'avais autorisé à t'installer avec moi parce que je pensais sincèrement que l'amour pouvait venir. Mais on ne force pas les gens à aimer, et c'est totalement perdu pour toi, je ne pourrais jamais aimer une menteuse et une tricheuse. Si au moins tu avais eu l'honnêteté de me le dire… Sur ce, bonne nuit.






Nicolas : Devon ? How are you ? I need your help …
Devon: Hi Nick. Tu m'appelles bien tôt !
Nicolas : Je pars au boulot là. J'ai besoin d'un renseignement.
Devon : Je t'écoute.
Nicolas : Est-ce qu'on peut obliger sa copine à avorter ?
Devon : Tu plaisantes ou quoi ?
Nicolas : c'est très sérieux, je suis dans la merde.
Devon : Dans la loi du simstate, tu ne peux pas obliger à avorter. Mais si tu ne reconnais pas l'enfant, la mère n'a pas le droit d'exercer une pression quelconque. Elle assume.
Nicolas : Merci vieux.

* Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué. Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué …. *

* Votre correspondant n'est pas joignable actuellement. Veuillez renouveler votre appel ultérieurement… Votre correspondant n'est … *

* Ici je ne prends que les messages qui me supplient de retourner dans le bruit, la fumée, la clope, les boites de nuit, la civilisation quoi. Venez me chercher, par pitié, La Bussy est un patelin de ouf, c'est la mort ici ! Par pitié sauvez-moi ! *

Bip ….

Nicolas : Louise ? Je savais que vous étiez au bureau déjà. Pourriez vous, s'il vous plait, me trouver le plus de renseignements possibles sur un bled qui s'appelle La Bussy. 






Vincent : Bonjour !
Vanessa : Enchantée de vous rencontrer. J'aime les chevaux. Je voudrais prendre des cours, c'est possible ?
Vincent : Evidemment ! Nous sommes très heureux d'avoir enfin une cliente !
Thibault (peu enthousiaste ) : Ouai, ouai, ca fait du boulot en plus à Karyn !
Vincent : Elle se débrouille très bien ! Clémence l'assiste merveilleusement à l'écurie !
Thibault : Je sais pas comment elle fait ! Elle bosse à l'école, et ici !
Vanessa : Clémence est quelqu'un de très courageux !
Vincent : Vous la connaissez ?
Vanessa : C'est ma meilleure amie !
Olivier (entrant dans la pièce) : Les mecs je …
Vanessa : Oh bonjour !
Thibault : Aie Joli cœur est de retour !
Vanessa : Joli cœur ?
Thibault : Ouai, Monsieur Olive a le béguin pour vous, et ça fait une semaine qu'il n'en dort plus !
Olivier (furieux) : Thibault !
Vanessa : C'est vrai ?
Olivier (rouge de honte) : Et bien ….






Olivier : Je sais pas ce qui me retient de t'étriper.
Thibault : Oh, cool mec, elle l'a plutôt bien pris ! Remercie moi plutôt ! Sans moi, tu aurais encore été en train de rêver d'elle. Sans oser lui parler. Vois le coté positif des choses. Elle t'a proposé un rendez vous ! Tu lui plais, c'est bien ça !
Olivier : Je sais pas… Ca me fait peur tu sais.
Thibault : Oh t'en fais pas, tout va bien se passer.
Olivier : Je l'espère.
Thibault (sérieux): Olive …
Olivier : Oui ?
Thibault : J'ai eu un coup de fil … du banquier.
Olivier (inquiet) : De notre banquier ?
Thibault : Oui.
Olivier : Qu'est ce qu'il voulait ?
Thibault : Savoir si on comptait remettre des fonds …
Olivier : Déjà ?
Thibault : Ouai, on dépense beaucoup plus que ce qu'on avait prévu, et nos recettes sont maigres …. Bref, il faudrait qu'on remette de l'argent quoi. Vincent n'en n'a plus.
Olivier : Thibault, je peux pas. Je ne bosse plus, et mes économies sont passées dans l'achat d'une maison pour maman.
Thibault : Je peux pas non plus. (honteux) j'ai dilapidé mes économies en fait.
Olivier : Je vois. La question que je me pose, c'est comment on va faire ?
Thibault : Déposer le bilan ?
Olivier : Vincent s'en remettra pas.
Thibault (triste) : Qu'est ce qu'on a été cons …


EPISODE 6

lundi 29 juin 2020

First Love : Episode 1



En 15 ans, La bussy et La Roche sur Bussy avaient bien changé. Les quartiers résidentiels s’étaient fondus dans la masse des nouveaux immeubles implantés par les promoteurs. Un collège-lycée avait fait son apparition en plus de l’école, et un centre multi sportif aussi.  Volley-ball, football, handball, basket-ball, base-ball, natation, boxe, équitation, escalade, tennis, badminton, il n’y avait rien à dire. Celui qui voulait faire du sport à La Bussy avait l’embarras du choix. Les horaires des élèves avaient été aménagés, et un vaste réseau de bus permettait de parcourir la ville en quelques minutes. La Bussy était une ville très demandée par les familles. Notamment les familles aisées, qui y trouvaient une qualité de vie rarement égalée ailleurs. 



Avec les Roy, les Jansac et les Roux, les Franc avaient été une des premières familles à s’y installer. Vanessa y était née, y avait grandi, et avait vécu dans un tout petit village autour de l’église. Et maintenant, ses trois filles y étaient également nées, mais elles avaient connu une ville, qui devenait de plus en plus grande. La transformation de La Bussy rendait triste Vanessa, mais à chaque fois qu’elle lançait le sujet, une vive discussion démarrait. Juliette, la cadette, était la plus têtue.
-        - Maman adorait La Bussy d’autrefois. Mais maintenant, c’est bien mieux, disait-elle à Axelle, son aînée.
Laquelle répondait aussi sec.
-       -  Je me demande bien comment elle a fait pour trouver un mec à son époque, parce que franchement, si on l’écoute, y’avait rien à cette époque. Au moins maintenant, on a un centre commercial et des terrains de sport.




La benjamine des Franc, Romane, était encore trop petite pour participer à ce genre de discussions. Elle montrait déjà son indépendance d’esprit, et dès qu’elle le pouvait sortait dans le jardin, détruire le tas de feuille que Stanislas, le propriétaire de la maison, avait l’obligeance de ramasser.
«  Ah cette gosse, pensait-il. Si un jour je fais brûler mon tas de feuille, il faudra que je vérifie qu’elle ne soit pas dedans avant ! ».
La vie s’écoulait tranquillement à La Bussy, et même si parfois on entendait parler de bandes de jeunes voyous rebelles, c’était une vie vraiment très calme. 



Nous étions arrivés, mes parents, mon frère, ma sœur et moi quelques semaines auparavant à La Bussy. Mon père avait eu un nouveau contrat, et avait obtenu une place d’entraîneur sportif au centre d’études et d’entrainement de La Bussy à la fin de sa carrière. Exactement comme le père de mon amie Alice. Je n’avais eu aucun mal à me faire des amis, contrairement à mon frère Alexandre. Alice m’avait intégrée dans son groupe d’amis. Elle m’avait présenté Juliette Franc et Cécile Caumet, ses deux meilleures amies. Elles parlaient aussi à d’autres filles, comme Cathy Tessier ou Barbara Roncin. Ce qui faisait que pas l’une d’entre nous, quelle qu’elle soit, ne se retrouvait jamais seule. Alexandre, lui, était beaucoup plus réservé, et même dans son club de foot, il semblait ne pas savoir se lier. Seul Paul, le frère de Cécile, l’intéressait un peu. 






Chez les grands, c’était pareil. Nos mères prenaient régulièrement le temps de bavarder ensemble, et quand je dis bavarder, c’était plutôt pour raconter des ragots. Il faut dire que nous habitions tous le même quartier, et nous nous connaissions tous, même si les filles et moi ne fréquentions pas les adolescents. Seule Juliette avait essayé, mais sa sœur l’avait envoyé balader. Elle nous avait tous fait beaucoup rire en racontant les mésaventures d’Axelle.
-       -  Je ne sais pas trop ce qu’elle veut, disait-elle. Elle dit qu’elle veut un copain, il y a des garçons qui lui tournent autour, parce que, faut bien dire ce qui est, ma sœur est plutôt une jolie fille. Mais quand les garçons s’approchent trop près, elle les envoie voir ailleurs si elle y est.

Je voyais très bien de qui elle parlait quand elle racontait ça, mais je ne disais rien. Je ne disais rien, car à l’école, nous étions en CM2, il y avait un garçon qui me plaisait beaucoup, mais je ne pouvais pas le dire. 







Quant à Alice, c’était peut être la moins chanceuse d’entre nous. Son père était une ancienne gloire du base-ball, comme mon père était une ancienne gloire du foot, mais il était vraiment très bizarre. Ses parents ne se supportaient plus, ils n’arrêtaient pas de se disputer. Alice arrivait souvent à l’école en pleurant, malgré le soutien de son frère, Bastien. Bastien et elle partageait le même amour du base-ball, et Alice s’était mis en tête de suivre ses traces. Et elle était vraiment très douée. Je l’avais déjà vu jouer, et elle m’avait impressionnée. Malheureusement, son talent n’avait pas manqué d’être remarqué par son père, qui avait déjà fait quelques projets pour elle. Et les filles et moi allions découvrir plus tard que nous, ses amies, allions en être exclues.



mercredi 24 juin 2020

Monsieur De : Episode 1 - Comberview






Comberview est une petite bourgade campagnarde, nichée au cœur des collines du Combershire, un comté assez éloigné de la capitale. Il fallait faire environ quatre heures de route pour rejoindre Mansfield, la capitale, en voiture. Une grosse semaine en calèche, pour les récalcitrants qui préféraient utiliser les moyens anciens et ne pas céder aux sirènes de la modernité. Car Comberview était en permanence tiraillée entre le passé et l’avenir. Les paysans s’en remettaient aux cycles de la lune et du soleil pour leurs récoltes, ce qui leur valait parfois bien des déconvenues. L’espérance de vie était aléatoire, la bourgeoise et la noblesse avaient des représentants très âgés dans leur rang.  Au-delà du caractère pittoresque de Comberview, celle-ci recelait de coins plus champêtres les uns que les autres, et ceux qui habitaient là appréciaient particulièrement cette communion avec la nature.  







Thomas Bowcroft était le prêtre de la paroisse. Il était encore jeune, il avait tout juste atteint la quarantaine, mais il paraissait plus vieux. La vie n’avait pas été tendre avec lui. Il était originaire du woodland, une lande désolée, livrée aux bandits et aux pillards, dans laquelle les autorités n’arrivaient pas à éradiquer les hordes de pirates qui se livraient aux exactions les plus terribles. Plus jeune, il avait vu mourir, sous ses yeux, avec son jeune frère Angus, ses parents, tués par des bandits de grand chemin. Il avait eu à cet instant le besoin d’avoir une vie spirituelle intense. Il s’était mis à croire en Dieu. Et tout naturellement, il avait embrassé la carrière ecclésiastique à l’âge de 20 ans. Et dix ans plus tard, il était venu s’installer à comberview après la mort du Père James, pour prendre en charge la paroisse, tout en cachant soigneusement son accent des Woodlands.






Thomas Bowcroft était parti des woodlands en laissant son jeune frère, Angus, à la charge de son oncle et de sa tante. Le temps passant, il avait eu des nouvelles plus espacées, pour finir de ne plus en avoir du tout. Ne pas savoir ce qu’était devenu son frère était une des grandes douleurs de Thomas Bowcroft. Il espérait juste ne pas avoir à apprendre sa mort brutale, car Angus était un garçon assez explosif et téméraire, et prenait beaucoup de risques. A son arrivée à Comberview, personne ne savait d’où cet homme taciturne venait, et il parlait très peu de son passé. Alors, Thomas prenait sa canne de pelerin, et allait visiter toutes les fermes du comté, même les plus isolées, et avait, petit à petit, gagné la confiance des habitants.





Impliqué dans la vie de Comberview, Thomas Bowcroft s’était spécialisé dans la réinsertion des enfants du village.
- Bonjour mon père.
- Rufus ! Je suis heureux de te voir. Que deviens-tu ?
- J’ai eu mon diplôme mon père, vous savez. Je vais partir à Mansfield. Il y aura certainement du travail pour moi.
- Une amie m’écrit souvent de Mansfield. Le commerce a explosé. Ils cherchent de la main d’œuvre, je suis certain que tu trouveras bien vite.
- Merci beaucoup, je n’oublie pas ce que je vous dois.
- Je ne fais que l’œuvre de dieu mon fils. Il a un dessein pour chacun de nous.

Et Rufus était parti, et Thomas Bowcroft avait été très fier de son protégé. 






A Comberview, il y avait des grandes familles installées depuis des siècles. Si Thomas Bowcroft se préoccupait avant tout de ses ouailles les plus pauvres, il n’oubliait jamais de rendre également visite aux autres, car « Dieu aime tous ses enfants » aimait-il à rappeler. Il appréciait tout particulièrement une des plus vieilles familles du comté.
Charles de Restour était né ici, et n’avait quitté Comberview uniquement l’espace de quelques mois, le temps de faire son service militaire. Il était revenu de Mansfield dégouté, et avec une femme dans ses bagages. Louise Chalumet était une roturière, mais Charles était seul depuis bien longtemps, et surtout Louise avait le caractère souple et doux qui lui convenait parfaitement. L’armée avait fait de Charles un homme rebelle, et même si ses parents avaient encore été vivants, il aurait épousé Louise. Mais Edouard de Restour était mort lorsque Charles était encore un bébé, et Chantal, sa mère, l’avait suivi dans la tombe quelques semaines après son retour de Mansfield. N’ayant jamais connu son père, Charles en avait souffert, et pour compenser, il s’occupait énormément de sa fille Emilie.







Cette année-là, l’hiver avait été particulièrement rigoureux, et le comté avait du s’appuyer sur les ressources du comté de Mansfield pour survivre, car les recoltes avaient été deux fois moins importantes qu’à l’accoutumé. Charles de Restour en avait eu mal au cœur pour les paysans, et partait souvent faire le tour des fermes en compagnie de Thomas Bowcroft, avec lequel il avait lié une forte amitié. N’ayant souvent personne à qui parler de ses inquiétudes, Charles s’épanchait auprès de Thomas.
- Louise est alitée, elle est de constitution fragile, je ne sais pas si elle supportera une deuxième grossesse.
- Ayez confiance en dieu, Charles. S’il veut que cet enfant vive, il vivra.
- J’aimerais avoir votre foi. Je l’ai perdu en faisant mon service militaire. Et avec les incidents avec les gens du Nord et du woodland.
Thomas tressaillit. Cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait plus entendu parler du woodland que le comté était devenu comme un comté imaginaire pour lui.

vendredi 19 juin 2020

RC - Episode 1 : Vincent






La Bussy avait bien changé depuis toutes ses années. Le Centre de Vincent avait été revendu, et il avait retrouvé un emploi d’employé dans la ville voisine de La Roche sur Bussy. L’échec avait été dur à digérer pour lui. Mais l’histoire s’était mieux terminée que vingt ans auparavant. D’abord parce qu’il avait retrouvé ses amis d’enfance. Il avait changé d’avis sur Nicolas et la rancœur qu’il pouvait éprouver vis-à-vis de lui s’était finalement muée en une forte reconnaissance. C’était lui qui avait sauvé le centre de la faillite et lui encore qui avait ramené Laure près de lui. Ils s’étaient mariés rapidement après leurs retrouvailles comme s’ils voulaient rattraper le temps perdu. Et à la mort des parents Roux, Laure avait hérité d’une coquette petite somme, qui leur avait permis la construction d’une jolie petite maison dans laquelle ils vivaient aujourd’hui.




Laure et Vincent avaient eu deux enfants. Au départ, Laure n’en voulait qu’un seul. Elle tenait beaucoup de son frère, et avait le même caractère effronté. Effronté et ambitieux. Sa carrière comptait beaucoup pour elle. Ils avaient eu Christophe un an après leur mariage. Celui-ci avait aujourd’hui seize ans, et était devenu un beau jeune homme. La première grossesse de Laure avait été suffisamment éprouvante pour que celle-ci en refuse l’idée même d’une deuxième. Mais parfois la vie réserve des surprises, et lorsqu’elle était tombée une deuxième fois enceinte, elle avait dû en prendre son parti. Et lorsque la petite Coralie était née, Laure avait été aussi heureuse que pour Christophe, c’est-à-dire modérément, car l’instinct maternel n’était pas son fort. 





Les premiers temps de leur installation dans leur nouvelle maison furent les plus durs. Ils avaient à faire face à toutes sortes d’obligations sociales, notamment vis-à-vis de leurs amis, et ils allaient souvent dîner ou prendre l’apéritif les uns chez les autres. Mais il n’y avait pas seulement ça. La Bussy s’était développée bien sûr, et de nombreux lotissements avaient vu le jour sous l’impulsion d’un maire qui accordait les permis de construire comme une grand-mère donnant des câlins à ses petits-enfants. Beaucoup de permis, et pour certains habitants, beaucoup trop. La ville avait donc vu l’arrivée d’une nouvelle faune avec un œil désabusé. Et certaines personnes, sans aucune gêne, n’hésitaient pas à aller s’incruster avec les habitants de plus longues dates. Même les jours d’orages. Mais parfois aussi, le ciel était clément, et les vengeaient, en choisissant de frapper de foudre les enquiquineurs. Le pauvre Gilbert Jacquet en avait été une des victimes. 





Si Christophe n’était pas un vilain garçon, loin de là, il n’avait malheureusement pas hérité du tempérament hardi de sa mère. Il était souvent timide et gauche, et préférait les occupations seul, y compris les occupations les plus enfantines. Les jours de pluie étaient d’ailleurs ses préférés. Il résistait rarement au plaisir de sauter les deux pieds joints dans les flaques d’eau, comme lorsqu’il était petit. Il était d’une grande consolation aussi pour sa mère, car il adorait s’occuper de sa petite sœur et lui apprendre les mêmes bêtises. Elle était encore trop jeune pour le suivre dans le jardin, mais il lui apprenait comptine et propreté, tout ce que ses parents n’aimaient pas tellement faire. Christophe aimait beaucoup sa sœur, il aurait tout fait pour elle. 








Christophe était un grand timide, comme Vincent. Et à part les enfants des amis de son père, il n’avait pas d’amis. Si Vincent s’était fait à la situation, Laure en était très contrariée.
-       -  Il faut que tu lui donnes confiance en lui, répétait-elle sans arrêt à son mari.
-       -  Oh, arrête Laure, tu sais bien qu’il s’en sortira, comme moi je m’en suis sorti.
Et Laure regardait Vincent d’un drôle d’air, un air qui disait « cause toujours, si tu es là aujourd’hui, relativement heureux, c’est grâce à mon frère et à personne d’autre ». Vincent haussait les épaules d’un air navré, il connaissait la vérité autant que sa femme, mais refusait de mettre une quelconque pression à son fils.
-       -  Et qu’est ce que tu voudrais que je fasse seulement ?
-       -  J’avoue, je n’en sais rien, répondait Laure tristement.





Laure et Vincent avaient fini par tomber d’accord, et avaient forcé Christophe à aller dans un club de sport. Les négociations avaient été rudes, car Christophe était avant tout un intellectuel, mais ils avaient réussi à arracher un compromis, compromis qui exigeait que Vincent prenne une part active dans le redressement moral de Christophe. Et Vincent s’était aussi mis au football avec son fils.

-   - Tiens toi prêt Christophe, je vais tirer en pleine lucarne.
-   - Alors là papa, tu rêves éveillé. Jamais elle ne rentre.
Laure les regardait jouer avec un petit sourire sur les lèvres. Grâce à ce club, le gamin timide et gauche que Christophe avait été devenait un grand garçon, qui ferait tomber toutes les adolescentes du quartier, dixit sa mère. A chaque fois qu’il l’entendait dire cette phrase, Christophe levait les yeux au ciel.