jeudi 14 mai 2020

RT : Episode 6 - Le comte Laurent Fernand


Quelques semaines plus tard, je m'amusais avec mon télescope à observer le comportement étrange d'une certaine partie de la population de Daisy City. J'évitais de trop fatiguer Irène, enceinte jusqu'aux yeux, et qui faisait très attention au bébé qu'elle portait, aussi, je passais mon temps libre à l'extérieur, profitant du grand soleil d'été qui brillait. Elle est venue me voir à ce moment pour me parler de Jeanne.
- Tu sais Robert, je ne t'ai pas dit la vérité à propos de Jeanne.
- Comment ça ?
- Je t'ai dit qu'elle ne m'avait rien dit, et … c'est faux
- Pourquoi me l'as-tu caché ?
- Je ne voulais pas t'inquiéter. Excuse-moi, je me sens si mal maintenant.
- Ce n'est pas grave. Dis-moi donc ce qui te tracasse.
- Elle sait qui l'a suivi l'autre jour.
- C'est vrai ?
- Oui. Il s'agirait d'un comte. Laurent Fernand.
- Un comte ? Ca existe encore ces trucs là ?
- Ici oui. On ne dirait pas comme ça, mais il y a pas mal d'anachronismes et de non-sens. Toi, tu ne le sais pas, mais moi, ça fait maintenant 8 ans que je suis ici et je commence à connaître. Bref. Elle a été suivie par ce monsieur, qui est un buveur de sang. Mais mieux encore. Ce Laurent est en contact avec les dimensions différentes qui sont en parallèle à notre ancien monde. Il paraît qu'il peut nous expliquer comment et pourquoi nous sommes ici. Mais la difficulté est de le convaincre. Plusieurs sims du monde normal ont déjà atterri ici à Daisy City. Ils sont morts pour la plupart, mais aucun n'a jamais su le fin mot de l'histoire.
Laurent Fernand a plusieurs « hommes de main » qui travaillent pour lui. Ils ont fait peur à Jeanne pour qu'elle se taise, et qu'elle ne remette plus les pieds au quartier général du compte, la boîte de nuit le repaire du vampire. Et surtout, elle ne voulait pas qu'elle te revoie. Ils craignaient qu'elle parle je suppose.
- Mince alors ! Tu m'en bouches un coin.

Et voilà, j'étais épaté, ébahi. Rassuré parce que si Jeanne refusait de me voir ce n'était pas à cause de moi. Mais inquiet, parce que ce comte Laurent Fernand avait l'air d'être un sinistre personnage.




Les jours suivants ne devaient pas me permettre de réfléchir à ce que m'avait avoué Irène. Je n'avais toujours pas de nouvelles de Jeanne, mais je ne m'en inquiétais plus. J'étais très occupé au boulot, Michel et son collègue me donnaient milles et une choses à faire. Et c'est très fier que je suis rentré un soir, claironnant sur tous les toits que j'avais eu une promotion, et une bonne prime. Cette prime servit immédiatement à faire une petite chambre pour le bébé que nous attendions. Choisir la décoration, le lit pour bébé, la table à langer, m'obligea à aller en ville presque tous les soirs pour préparer sa venue, laissant Irène se reposer tranquillement à la maison. Elle regardait tous les catalogues qu'elle trouvait mettant des croix devant les articles qui lui semblait nécessaire pour la bonne éducation de notre enfant. Et moi, je prenais la voiture, et revenait les bras chargés de jouets, vêtements et autre pot pour enfant.



J'étais à la cuisine en train de préparer un merveilleux chili-con-carne fait avec amour quand j'ai entendu des hurlements terrifiants dans la chambre.
- Robert, à l'aide, je suis en train d'accoucher !

Apeuré, je n'ai pas bougé, je me sentais au bord des larmes. J'entendais mon Irène souffrir, et je ne pouvais rien faire. Jamais il ne me serait venu à l'idée de l'emmener à la clinique !

- Robert ! Je perds les eaux !

J'avais mal pour elle. Le temps de reprendre mes esprits, j'ai couru dans la chambre et ce que j'ai vu me fit fondre mon petit cœur. Ma tendre et douce épouse tenant un petit être dans ses bras, la chair de ma chair. « C'est une fille » me dit-elle de son ton le plus doux.

- Elle s'appellera Marguerite.
- C'est merveilleux. C'est un très joli nom pour une très jolie petite fille.
- Regarde, elle te sourit.
- Qu'est ce qu'elle est jolie ! Elle a ta couleur de peau et tes yeux !
- Elle a ta couleur de cheveux !
- Je peux la prendre ?
- Evidemment, prends la, et câline là !

Ça m'a fait tout bizarre. J'étais père maintenant, j'avais des responsabilités, il ne fallait pas faillir à sa tache !




Plus les journées passaient, et plus j'étais gaga de ma fille. Elle me menait par le bout du nez cette filoute, et je lui pardonnais tout même, même les renvois sur mon beau pull tout neuf. Dès que je rentrais du boulot, il me fallait chercher ma fille. J'avais besoin de la voir, c'était viscéral. Rien ni personne, et surtout pas cette imbécile de nounou n'allait rompre mon lien avec elle. Irène tentait bien parfois de me raisonner.
- Laisse moi profiter un peu de Marguerite, Robert, tu es sans arrêt avec elle.
- Mais … c'est ma fille !
- Oui, mais c'est la mienne aussi !
- J'ai envie de la voir !
- Moi aussi ! Et laisse la nounou faire un peu son travail !
- Elle n'y connaît rien en bébé !
- Et toi plus qu'elle peut être ?
- Non, mais je prends plus soin de Marguerite, c'est ma fille !
- Tu sais, on devrait passer plus de temps ensemble !
- Mais on en passe !
- Pas assez … Ou alors, faire un autre bébé … Chacun le nôtre !
- On essaye ?
- On essaye !



J'étais devenu presque exclusif avec ma fille. Je me levais pour lui donner le biberon à chaque fois qu'elle pleurait. Il n'y avait que lorsque je n'étais pas là qu'Irène s'occupait de Marguerite, ou lorsque j'étais vraiment fatigué. Avec le recul, je me rends compte que je la monopolisais, et que je la gâtais vraiment trop. Mais sur le moment, j'étais tellement heureux de l'avoir dans mes bras que je ne pensais à rien d'autre. Ma fille était bien, grandissait bien, mangeait bien, n'avait aucun problème de santé et c'était la seule chose importante.
- Tu devrais la laisser par terre tu sais Robert. Ca lui ferait du bien.
- Tu es folle ? Elle va prendre froid ! Hors de question !
- Mais c'est pour son caractère, il sera plus souple !
- Elle a bon caractère ! Regarde comme elle mange bien, elle ne recrache jamais ! Elle est trop gentille la fifille à son papa !
- Robert, je m'inquiète !
- Pourquoi ?
- Si nous avons un autre enfant, seras-tu aussi présent avec le deuxième que tu l'es avec Marguerite ?
- Bien sur ! Ce ne seront rien d'autres que mes enfants !


Je ne comprenais pas l'inquiétude d'Irène. Je pensais qu'elle se faisait beaucoup de soucis pour rien.



Quelques jours plus tard, Irène remis le sujet de nos origines sur le tapis.
- J'ai envie d'aller voir ce comte.
- Tu rigoles ? Il est dangereux ! Il a traumatisé Jeanne ! Laisse le tranquille !
- Tu n'as plus envie de savoir pour ton ancienne vie ?
- Non. Non. Je suis heureux ici.
- Mais moi, j'ai besoin d'avoir des nouvelles de ma famille !
- Mais c'est nous ta famille ! Marguerite, et moi !
- Oui, mais mes parents, mes sœurs …
- Irène, je t'en supplie, n'y vas pas. Dieu seul sait ce qu'il est capable de faire !
- Il peut m'apprendre des choses.
- Ou te faire du mal.
- Me donner des indices.
- Te donner des frayeurs.
- Me dire comment rentrer en contact avec eux.
- Te dire que ton père est vraiment mort.
- Il le sait certainement !
- C'est sûrement lui qui a fait passer l'annonce dans le journal !
- Oh, oui ! Je dois y aller !
- Non, je n'ai pas envie de te perdre.


Malgré tous mes efforts pour la dissuader, Irène n'y tenait plus. Elle se rendit dès le lendemain en ville, rencontrer Laurent Fernand.
- Bonjour Irène Thefirst.
- Euh … Bonjour …. Monsieur …
- Fernand. Comte Laurent Fernand.
- Oh … c'est vous ….
- J'ai appris que vous me cherchiez.
- En effet … je …. Je …. Je . …
- Que vous arrive t il ? vous avez peur ? Je ne vais pas vous manger HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAH
- Je …. Rien ! Au revoir Monsieur Fernand.

Quand Irène est rentré, elle était paniquée.
- Robert, je l'ai vu …. Il . … Il ….. Il est affreux ! Il avait du sang sur la bouche !
- Je t'avais dit de ne pas y aller !
- Je voulais savoir …. Apprendre …. Quelque chose …
- Qu'as tu appris ? Rien ! Sauf à avoir peur ! Ça te servira de leçon !
- Tu es dur !
- Oui, mais parce que je t'aime !
- Pardonne moi. Je ne veux plus jamais le revoir ce type.
- Sage décision.

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