Finalement, j’ai pu convaincre Arlène de venir me voir.
- - Je suis contente de te voir, fit-elle. Je pense
qu’on va bien s’amuser.
- - Moi aussi, je suis heureux que tu sois là. Mais,
je t’avoue qu’on soit dans le noir me dérange un peu.
- - Tu as peur des fantômes ! Tu sais qu’il y
en a qui travaillent dans l’administration ?
- - Tu sais pourquoi ?
- - Oh oui, je suis journaliste, donc, j’ai pu fouiner.
Il y a tellement peu de monde dans cette ville qu’ils ont fait revenir d’entre
les morts un paquet de monde.
- - …
- - Jérémy ? Jérémy, tu ne dis rien, ça
va ?
- - …
- - Jérémy ? Allô ?
Je suis resté figé. Des fantômes partout dans la
ville ? Non, pitié pas ça. J’étais tellement angoissé qu’Arlène s’est
levée, et m’a quitté, sans même un au revoir.
Pour oublier cette humiliante déconvenue, je me suis rendu à
la plage. Il faisait bon, et j’avais la chance d’avoir un accès direct depuis
mon terrain. Ça me rappelait à quel point j’étais privilégié. Dans ma ville,
l’eau était claire et magnifique. Et vraiment, l’eau, c’était tentant. On
m’avait déjà proposé plusieurs activités : planche à voile, plongée,
chasse aux sirènes …
J’en avais un peu assez de ces créatures surnaturelles. Je
n’en avais pas encore pas beaucoup rencontré (excepté le guichet du fantôme),
mais déjà, elles me tapaient sur le système. Mon ancienne vie me manquait
beaucoup.
En rentrant chez moi à la nuit tombée, je vis que le livreur
de journaux était passé. Cool, pensais-je. Je me suis mis à étudier
attentivement le journal. Je m’attendais à trouver des brèves, rubrique chiens
écrasés, des faits divers … mais, il n’y avait strictement rien ! Quelle horreur ! Les pages étaient
blanches. J’allais commencer à paniquer. J’ai tourné la page. Ah, des petites
annonces ouf ! Enfin, des, c’était un bien grand mot, il n’y en avait
qu’une seule.
« Le comte Laurent Fernand a la tristesse de vous
annoncer le décès de son épouse, Mélany Fernand, à l’âge de 75 ans ».
C’était d’un gai !
Dans cette atmosphère lugubre, entre les désertions
d’Arlène, qui refusait toujours de venir me voir, et les petites annonces qui
n’en étaient pas, j’aurais pu déprimer. Mais non, des bonnes nouvelles
m’arrivaient quand même. D’abord, ma mère m’avait écrit. Sa lettre était
bizarre, pleine d’incohérence, mais je n’y pris pas garde. J’étais tellement
heureux ! Et ensuite, mon supérieur m’avait accordé une promotion !
J’étais devenu Officier de patrouille. Avec une nouvelle voiture, un nouveau
coéquipier, je pouvais me balader dans la ville, toujours aussi vide, ça en
était désespérant. Il me semblait que même les voleurs voulaient éviter le quartier.
Je m’ennuyais presque. Heureusement que mon nouveau coéquipier, Sam, avait la
parlotte facile. J’étais content de rentrer le soir chez moi, car il m’épuisait
avec son bavardage.
Une journée de plus sous le soleil de Starlight Shores. Une
journée de cagnard à trente cinq degrés. Le matin, je me pavanais dans mon
nouvel uniforme, mais le soir en rentrant, je sentais la transpiration à cent
lieues à la ronde. Je ne voulais qu’une seule chose : une bonne bière et
une douche fraîche. Ou alors une bonne douche et une bière fraîche. J’étais
tellement fatigué que je ne savais plus trop. Pourtant, une jolie surprise
m’attendait devant ma porte d’entrée. Arlène était enfin venue me rendre
visite.
Je suis rentré vite fait chez moi, en faisant un signe à
Arlène.
- - Attends, je me douche.
- - Mais bien sûr mon chéri, je suis patiente.
Mon chéri ?! Elle m’avait appelé mon chéri ?
J’étais sur un petit nuage. Depuis le temps que j’attendais ça. Je suis vite
ressorti, propre et frais comme un sou neuf.
- - Arlène, comment vas-tu ?
- - Et toi, tu m’as manqué tu sais !
- - …
Je suis resté sans voix, mais cette fois-ci, j’avais moins
la crainte que la dernière fois. C’était en bonne voie, je le sentais.
EPISODE 2
EPISODE 4
EPISODE 2
EPISODE 4